Un nouvel élan et une redynamisation pour l’association Bondeville Solidarité
Tous les jeudis après-midi, ce sont plus de 90 familles bondevillaises qui reçoivent un colis alimentaire, soit l’équivalent de 210 parts.
Quinze bénévoles se dévouent pour se partager les nombreuses tâches qu’il faut accomplir pour la préparation de tous les colis. Deux fois par an, la Banque Alimentaire du Houlme organise une collecte dans trois supermarchés locaux. Pour cette action, ils se mobilisent du vendredi au dimanche matin avec l’aide précieuse de quelques bénéficiaires, malheureusement peu nombreux.
Pour satisfaire aux normes de sécurité et d’accessibilité, le local où sont reçus les bénéficiaires vient d’être équipé de portes coupe-feu, d’une porte de sortie de secours et d’une rampe d’accès pour les personnes handicapées. Ce nouveau dispositif a permis d’améliorer la circulation des personnes.
En collaboration avec le CCAS, plusieurs animations et sorties sont organisées pour les enfants : sortie en juin au parc du Bocasse ; sortie accrobranche ; l’arbre de noël ; pour les enfants de 12 à 14 ans, soirée au bowling.
L’association remercie le Conseil Municipal d’avoir validé tous ces projets.
Avec Dieinaba SY, devenue il y a peu la nouvelle Présidente de l’Association, Bondeville Solidarité, dont l’activité est toujours intense, voire plus nécessaire que jamais prend un nouvel élan. Avec l’aide efficace et soutenue de son équipe, elle est convaincue de sa mission et de l’importance de pérenniser de tels dispositifs pour venir en aide aux personnes en difficulté, en témoigne son premier discours :
« J’ai fait quelques recherches afin de savoir quelle était l’histoire de la Banque Alimentaire, comment tout cela a commencé. Les Banques Alimentaires ont été créées il y a 27 ans en France, à Arcueil, sur la base d’un modèle américain lancé en 1964, après avoir constaté que des personnes étaient sous-alimentées ou mal nourries alors que des surplus alimentaires étaient jetés. Le modèle consiste donc à aider des personnes en situation de précarité en captant les surplus alimentaires de notre société de consommation. C’était en soi révolutionnaire car l’histoire de l’aide alimentaire était jusqu’alors fondée sur le constat de pénuries alimentaires à combler dans l’urgence, et non sur celui d’un surplus structurel à redistribuer.
En France, chaque année, 4 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire. Un chiffre en hausse régulière de 2 % à 3 % par an, sans doute sous-estimé car beaucoup n’osent pas avouer solliciter une telle assistance. 70 % des bénéficiaires sont des femmes ; 80 % des inactifs, qu’ils soient chômeurs (34 %), hommes ou femmes au foyer (15 %), retraités (12 %), handicapés ou malades (8 %). Quant aux 20 % qui ont un emploi, ce dernier est souvent précaire. Il y a aussi beaucoup de familles monoparentales (33 %) et de personnes seules (31 %).
Cette aide alimentaire équivaut à 92 euros par mois, un montant significatif en regard d’un revenu moyen de 800 euros. Un coup de pouce est déterminant pour faire face à d’autres dépenses, de santé, de transports. Cela permet d’améliorer le quotidien et la qualité nutritionnelle par l’apport de protéines.
Dans un contexte économique et géopolitique mondial assez instable, le chômage continue sa progression en France, augmentant ainsi les rangs des personnes en précarité. Et ce n’est certainement pas la politique sociale qu’est en train d’appliquer ce gouvernement en place qui mettra fin à cette courbe particulièrement inquiétante. L’aide alimentaire aura malheureusement encore beaucoup à faire. Or, vis-à-vis de cette aide alimentaire, plusieurs types de discours se croisent. Certains disent qu’elle ne sert à rien, que l’État doit augmenter les minimas sociaux pour qu’il n’y ait plus besoin d’aide alimentaire. D’autres vont même jusqu’à dire que les plus démunis n’ont qu’à se débrouiller seuls. D’autres laissent entendre qu’aider les personnes, notamment sur le plan alimentaire, maintient le système d’assistance et qu’il ne donne aucune chance à ces personnes de s’en sortir véritablement.
L’alimentation est un besoin physiologique pour les personnes en difficulté. Pour nous, elle est aussi un prétexte pour provoquer et conserver une relation. Je m’insurge contre un processus intellectuel qui voudrait ne plus aider les personnes sur le plan alimentaire soi-disant par respect pour leur dignité, alors que ce type d’aide, lorsqu’elle est bien conduite, est, au contraire, une voie royale pour construire une relation humaine chaleureuse, inscrite dans un tissu social, et donc dans la dignité ! L’alimentation est une base fondamentale de la société qui touche au cœur de l’humain. Rayer l’alimentation de la démarche associative, c’est marcher sur la tête !
Beaucoup de personnes qui ont recours à l’aide alimentaire sont arrivées là suite à un accident de la vie, parfois à cause d’une fragilité personnelle. Si elles sont rejetées à la périphérie de la société, plus que d’autres, elles ont besoin de trouver dans leur quotidien les outils qui vont réamorcer une dynamique de socialisation. Alors ici, à Bondeville Solidarité, nous avons fait le choix d’accueillir des personnes en situation de fragilité personnelle, en difficulté psychologique ou sociale, et nous considérons que l’accompagnement par les bénévoles que nous sommes leur est indispensable. Nous nous efforçons de partager les excédents de ce leurre qu’est la société de consommation tout en essayant de préserver la dignité des bénéficiaires, en tentant de reconstituer un espace de convivialité. Bondeville Solidarité est l’un des maillons d’une chaine qui œuvre pour maintenir le lien social, le respect et la dignité des personnes dans une société où l’individualisme et l’égoïsme deviennent la norme.
Je tiens à remercier tous ceux qui participent à cet effort nécessaire, pour ne pas dire vital.
- Aux bénévoles pour commencer, pour leur temps personnel généreusement offert à la collectivité, gratuitement et sans contrepartie.
- A Jean-Yves MERLE, notre Maire, qui a beaucoup contribué en permettant la naissance et la pérennité de l’association, de par le prêt des locaux et la mise à disposition de moyens techniques et logistiques.
- A certains élus qui nous rejoignent parfois pour nous aider.
- Aux agents de la municipalité qui font ce qu’ils peuvent pour nous faciliter la tâche.
- Bref, à tous ceux qui nous aident de prêt ou de loin…
Pour les années qui viennent et parce que dans un monde qui se dit civilisé, où les richesses sont pourtant évidentes, je fais le souhait de voir celles-ci se répartir plus équitablement. Je fais également le vœu de voir un jour redescendre la courbe des bénéficiaires jusqu’à son entière disparition. »