Si les glaciations de l’ère quaternaire ont contribué à donner d’une manière générale à notre région les caractéristiques que nous lui connaissons, Notre-Dame de Bondeville n’en possède pas moins des spécificités qui lui sont propres.
En effet, l’ère quaternaire, commencée voici trois millions d’années, a été marquée dans notre région par différentes périodes de glaciation qui ont laissé des traces dans sa topographie. L’étude géologique de son sol et de son sous-sol révèle des éléments dont l’exploitation au cours des siècles, qu’il s’agisse de la force motrice de l’eau ou bien des terres riches en limon, a assuré sa survie économique.
Appartenant au crétacé supérieur, notre région recouverte autrefois en grande partie de terrains sablonneux, permettait grâce à la craie, très perméable, l’infiltration des eaux. Pour cette raison, elle se trouva pourvue d’un réseau hydrographique dense.
C’est ainsi que les limons éoliens déposés au quaternaire, à la fois fertiles et perméables, ont constitué un atout naturel de premier choix. À cet égard, le naturaliste Antoine Joseph Dezallier d’Angerville (1680-1765) écrira « dans les vallées de Maromme, Malaunay et Bondeville, sous la terre on trouve un tuf pierreux.
Dans ce tuf de quatre pieds d’épaisseur, il y a des morceaux de bois pourri et pétrifié, des tuyaux de grès incrusté, des stalactites, différents coquillages d’eau douce et quelques parties d’animaux. »
Toujours est-il que Bondeville a su tirer parti de la rivière qui la traverse, le Cailly, les ressources indispensables à sa survie économique.
De fait, sa topographie appelle quelques considérations : d’abord l’importance de la forêt qui entoure la commune, que ce soit la forêt de Roumare, la Verte-forêt ou encore les bois de Saint-Gervais ; si effectivement les terres des plateaux avoisinants sont riches en limon, celles de la vallée du Cailly sont souvent étroites et encaissées, les pentes y sont raides et les herbages dominent.
Il n’est donc pas étonnant que les propriétés agricoles y soient petites, constituées de parcelles de terre.
- L’apparition des premiers hommes
- Les périodes gauloises, gallo-romaines, franques, et mérovingiennes... Et l'invasion Normande
- L’époque féodale
- Les moulins du Cailly
- Les seigneurs de Bondeville
- Bondeville, son abbaye et ses paroisses
- Un territoire qui se transforme et s’aménage au fil des temps
L’apparition des premiers hommes
S’il est communément admis que l’homme fit son apparition dans les régions septentrionales de l’Europe occidentale voici quelque 500 000 ans, il semblerait que les premiers signes réels de sa présence sur les bords de la Seine soient avérés depuis environ 150 000 ans ainsi qu’ont permis de l’attester les fouilles au cours desquelles de très nombreux silex taillés ont été découverts.
À cet égard, le limon qui, plus tard, rendra possible la création d’établissements destinés à la fabrication de briques sur le territoire de Bondeville et ailleurs, sera un facteur de conservation important pour les archéologues. C’est ainsi que l’abbé Rivière et monsieur Gallois trouveront dans les terrains d’implantation de la briqueterie de Bondeville de fort beaux instruments.
Cette occupation de la région par nos lointains ancêtres se poursuivra tout au long de la préhistoire ainsi que l’atteste l’abondance du mobilier archéologique mis à jour, soit sur une période s’étendant de 25000 à 5000 ans av. J.C. C’est ainsi que fut découverte fortuitement à la fin des années cinquante, en amont de Rouen, ce qu’on a appelé la grotte de Gouy. Datée d’environ 12000 ans av. J.C., elle semble correspondre au Paléolithique supérieur et plus précisément à l’ère magdalénienne, c’est-à-dire à la dernière glaciation.
Elle constitue en ce sens un témoignage rarissime de l’art pariétal en Haute-Normandie. Nous sommes alors à cette époque transitoire où l’homme préhistorique essentiellement chasseur et vivant de la cueillette n’est pas encore sédentarisé. Pourtant dans les millénaires qui suivent et cela, dès le néolithique, soit environ 5000 ans avant notre ère, il va se mettre à défricher et à cultiver la terre, s’adonnant également à l’élevage de ses troupeaux. C’est à cette époque que vivent les premiers agriculteurs de Bondeville.
Les périodes gauloises, gallo-romaines, franques, mérovingiennes...
Et l’invasion normande.
De cette époque, la commune a gardé son nom. En effet, la racine « Bondi » d’origine scandinave, désigne un nom d’homme. Le terme « ville » du gallo-romain « villa » fait référence à un domaine agricole.
C’est ainsi que nous est connu le propriétaire ou détenteur du lieu à cette époque.
Si les Normands nous ont apporté leurs coutumes et leur langue, ils nous ont également donné leurs noms. Ils sont encore vivaces dans bien des toponymes ou expressions typiques de notre région. L’influence normande serait donc déterminante sur la structuration sociale de la société de l’époque.
Si l’on a décrit les envahisseurs normands sous les traits d’odieux barbares, il ne faut pas oublier non plus qu’ils furent d’habiles stratèges et de valeureux pacificateurs, soucieux de maintenir une unité garante de prestige et de puissance.
Ayant compris combien l’alliance avec l’idéologie chrétienne leur serait bénéfique, ils en devinrent les protecteurs et contribuèrent à relever ou à édifier de nouveaux lieux de culte.
Si nous savons peu de choses sur la période normande à Bondeville, nous n’ignorons pas néanmoins, grâce à quelques auteurs, que ces lieux furent certainement le théâtre d’évènements sanglants.
C’est en effet sur le territoire de sa voisine, Maromme, que l’on situe, en 946, le combat au cours duquel les Normands anéantirent quelques unités de l’empereur d’Allemagne, Othon, qui avait mis le siège devant Rouen. Il ne fait nul doute que Bondeville n’en subit alors les effets.
L’époque féodale
La tradition rapporte que les terres qui constituaient Bondeville appartenaient aux archevêques de Rouen, apanage qui remontait, selon toute vraisemblance, aux rois mérovingiens comme semble le prouver l’établissement du sanctuaire du VIIe siècle.
Si par la suite, l’ensemble de ces terres devait subir des sorts divers et tomber dans l’escarcelle de différents seigneurs fonciers, laïcs ou religieux, il est vrai que l’histoire de la paroisse semble se concentrer autour de deux atouts importants dans son déroulement, d’une part l’abbaye fondée en 1150 par l’ordre de Cîteaux, appelée abbaye de Bondeville ou encore de Sainte-Madeleine et la rivière qui la traverse, le Cailly.
Les moulins du Cailly
D’une longueur d’à peine trente kilomètres, le Cailly, dont l’appellation d’origine celtique « Calliacus » remonte à l’époque gallo-romaine, prend sa source entre Seine et Bray, à Cailly.
Affluent de la Seine dans laquelle il se jette à hauteur de Rouen, il reçoit lui-même à Monville les eaux de « la Clérette » ou encore rivière de Clères ; à Bapeaume-lès-Rouen, un petit cours d’eau « La Clairette » vient gonfler le potentiel des eaux du Cailly. C’est au XIIe siècle que les premiers moulins apparaîtront, utilisant la force hydraulique de la rivière.
Le développement économique se poursuivra à l’époque moderne avec l’implantation nombreuse de moulins à papier ; proche de Rouen dont elle bénéficie, la vallée deviendra ainsi un grand centre d’industrie papetière.
La réglementation qui régissait la fabrication du papier répondait à des normes tout à fait strictes et dès 1633 devaient être créés des offices de marqueur-visiteur de papier.
Durant la féodalité, ces moulins seront soumis à toutes sortes de droits et redevances perçus par les seigneurs fonciers ou ecclésiastiques, ainsi que par les religieuses cisterciennes de l’abbaye de Bondeville qui possédaient des rentes foncières sur certains établissements bordant le Cailly.
Les seigneurs de Bondeville
Bien qu’il soit difficile de reconstituer dans son ensemble le nom des différentes familles seigneuriales qui possédèrent le territoire de Bondeville, un certain nombre d’entre elles surgissent des limbes de l’Histoire.
Possession royale à l’époque mérovingienne, puis afféagée aux archevêques de Rouen qui en percevaient les droits seigneuriaux, le schéma fiscal de la paroisse n’est pas aussi simple qu’il pourrait y paraître. Une multitude de feudataires, laïcs ou ecclésiastiques, semblent avoir fait valoir des droits de différentes natures sur celle-ci.
Mais à la fin du seizième siècle les seigneurs dominants de Bondeville étaient de fait les du Bosc, antique famille normande riche en charges et en terres.
Cette terre leur était en fait venue par alliance, alors que Alix du Bosc, fille de Louis, seigneur de Radepont et de Jeanne Surreau, dame de Bondeville et de Malaunay, avait épousé son cousin de la branche d’Emandreville, Martin du Bosc.
Nous apprenons ainsi que vers 1520 le seigneur de Bondeville était Robert Surreau, époux de Catherine de Blancbaston. Si l’examen des rôles de vingtièmes à différentes périodes de l’ancien régime met en évidence les revenus dont jouissait la famille du Bosc, ils étaient assurément considérables.
Les du Bosc étaient de toute évidence, par l’étendue de leurs possessions, les premiers seigneurs fonciers de Bondeville. Propriétaires du manoir seigneurial, ils possédaient également de nombreuses maisons de meuniers, des moulins, des prairies et des bois, ainsi que de nombreux droits divers et variés dont le droit de pêche dans la rivière.
Certes, d’autres héritages nobles coexistaient à l’époque dans la paroisse, ils avaient pour titulaires les Saulmesnil, les Marbeuf ou encore les Rassent, mais ceux-ci restaient relativement modestes, comparés à ceux des du Bosc.
Plein fief de haubert, Bondeville relevait directement du roi et possédait le droit de Basse Justice. Il serait partagé en deux fiefs en 1772 et vendu pour moitié. Mais déjà la révolution était en marche et la puissance nobiliaire déjà passablement effritée allait disparaître à jamais dans le tourbillon des évènements.
Bondeville, son abbaye et ses paroisses
C’est une longue histoire traversant les siècles qui s’attache en fait à l’abbaye de Bondeville. Les sources les plus anciennes situent en effet sa fondation vers 1150 sous l’égide de l’ordre de Cîteaux et la bienfaisance de Richard et Mathilde de Rouvres.
À l’époque, Notre-Dame de Bondeville était également composée de deux paroisses, la plus importante était celle correspondant à l’actuelle église Notre-Dame, l’autre s’appelait Saint-Denis.
La paroisse Notre-Dame comptait au XIIIe siècle 250 paroissiens alors que Saint-Denis en comptait environ une cinquantaine.
Si son importance était moindre, elle n’eût en effet jamais le statut de cure étant simplement desservie par un vicaire. Néanmoins, le territoire de Saint-Denis occupait dans la hiérarchie féodale une place de choix, puisque élevée au rang de baronnie elle disposait du droit de Haute Justice.
Outre ces deux églises, d’autres lieux de culte aujourd’hui disparus témoignent de la ferveur et de la dévotion qui régnaient : la chapelle Saint Michel citée dès 1224, celle de Saint Léonard citée en 1667, une autre chapelle dépendant du manoir seigneurial des Hiaux construite au XVIIe siècle et enfin une léproserie sise au hameau des Longs-vallons connue sous le vocable de Saint Catalde.
Dès ses origines, le monastère de Bondeville qui n’était, au fond, qu’un modeste prieuré relevant de l’abbaye de Bival, filiale de l’ordre de Cîteaux, serait abondamment doté par de puissants protecteurs, dont Richard et Mathilde de Rouvres, les fondateurs, mais aussi par l’archevêque de Rouen, son supérieur spirituel et temporel, ainsi que par les rois de France et d’Angleterre, suzerains incontestables de ces territoires.
L’impératrice Mathilde elle-même concéderait un certain nombre d’hectares de forêts aux religieuses cisterciennes fraîchement implantées à Bondeville, leur abandonnant des droits de pâturage ou de panage dans la forêt de Roumare.
Différentes dîmes, dont celles du moulin de Malaunay, des viviers, des fermages, des rentes ecclésiastiques perçues sur l’église de Gueures et toutes sortes de privilèges lui furent également attribués. Cela n’empêcha pas, selon diverses quittances datant du XIIIe siècle, dont une du roi Saint Louis, que de nombreuses réparations y soient effectuées en raison de son état de désolation.
À la date du 11 février 1258, l’on sait qu’une trentaine de religieuses vivaient au monastère. A l’époque Eudes Rigaud était archevêque de Rouen. Franciscain de son état et l’un des plus grands intellectuels de l’ordre, il serait l’un des rédacteurs de la règle de Saint-François avant de devenir ami et conseiller du roi de France.
Personnage respecté, il préconiserait certaines règles qu’il tenterait de mettre en application dans le cadre de la vie sacramentelle du monastère de Bondeville, en vain il se résignerait au laxisme des religieuses…avec davantage de succès, il tenterait également de mettre fin au népotisme qui y régnait.
Parmi ses fonctions, le monastère accueillait les filles de Rouennais que leurs familles y envoyaient, soit en pénitence, soit parce qu’elles avaient l’esprit dérangé ; il accueillait également les troupes des chefs de guerre ; ce serait le cas en 1472 où séjournèrent simultanément au monastère le comte de Dammartin, grand-maître de France, suivi de peu par le duc de Bourgogne, Charles Le Téméraire et ses hommes, disposés à mettre le siège devant Rouen.
Ce n’est finalement que sous le règne de Louis XIV, en 1657, grâce à l’intervention de monseigneur de Harlay, l’archevêque de Rouen, qu’elle serait érigée au rang d’abbaye royale. C’est ainsi que Françoise de Beaumont, prieure de Bondeville, sera intronisée abbesse en date du 3 mars 1658.
Entre-temps, sous le règne du roi Charles IX, les adeptes de la religion réformée, appelés aussi religionnaires avaient obtenu qu’un prêche soit établi à Bondeville.
C’est le maréchal de Montmorency, chargé de la mise en place de l’édit de pacification de 1570 qui en donna l’autorisation.
Les catholiques se montrèrent assez hostiles à cette mesure estimant qu’il y avait un danger à ce que les paroles de la religion réformée ne fissent tâche d’huile dans une communauté aussi dense que celle de Rouen ; d’autres avis, émanant d’édiles ou de personnes notables, firent par ailleurs valoir qu’il devait y avoir là une certaine crainte à échauffer les esprits et que le risque consistait à voir cette forme de provocation dégénérer en bagarres. Ce qui ne manqua pas de se produire.
La répression fut immédiate et le prêche de Bondeville fut suspendu, puis rétabli. L’autorisation de prêche qui émanait du roi comportait cependant une clause suspensive, il était interdit aux protestants d’ouvrir des écoles à Bondeville.
Mais en 1572, une bande de catholiques armés qui gardaient rancune aux protestants des exactions commises par eux-mêmes quelque dix ans plus tôt s’en prirent aux adeptes de la religion réformée.
L’une de leurs premières attaques eût pour cible le manoir seigneurial de Bondeville, propriété de la famille du Bosc, acquise à la nouvelle doctrine et profondément haïe à cette époque en raison des forfaits commis par l’un de ses membres, du Bosc d’Emendreville, décapité à Rouen en 1562.
Le château pillé et les arbres du parc incendiés, le prêche de Bondeville fut définitivement supprimé. Un long silence devait alors plonger dans l’oubli les scènes violentes dont Bondeville avait été le théâtre.
Malheureusement détruite par un incendie en 1778, mais immédiatement rebâtie, l’abbaye disparaitrait moins de vingt ans plus tard, en 1790, sujette à la loi du 3 novembre 1789 sur la dévolution des biens ecclésiastiques.
Servant en partie de lieu de séchage à la pâte à papier qui provenait des manufactures, mais aussi au poisson pêché dans la commune, elle serait par la suite partagée et vendue au titre de bien national.
Un territoire qui se transforme et s’aménage au fil des temps
Le territoire bondevillais n’a pas toujours eu les couleurs d’un « Papillon » ; pendant très longtemps il n’était qu’une chrysalide… Au cours des siècles passés il a évolué et s’est transformé principalement depuis deux cents ans.
L’industrialisation au XIXe siècle et les actions municipales successives ont fortement agi sur son aménagement lié aux déplacements, à la circulation routière et ferroviaire, aux constructions, à la viabilité, à l’apport de population.
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle la vallée du Cailly présente un aspect rural marqué. La rivière serpente en de multiples bras à travers un fond de vallée occupé par les forêts et les marécages. La toponymie, héritée des temps anciens, y fait référence : le Houlme vient du scandinave « holmr », île puis terrain entouré d’eau. L’étymologie du nom Malaunay a pour origine « malusalnetus » c’est à dire « le mauvais endroit où il y a des aulnes ».
L’Atlas réalisé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle par Charles Daniel Trudaine, administrateur des Ponts et Chaussées, constitue une documentation précieuse et très recherchée sur les paysages français.
En 1789, les Cahiers de Doléances du Tiers Etat du Bailliage de Rouen présentent Notre-Dame de Bondeville : « sur la grande route de Dieppe, dans une vallée étroite où passe une petite rivière qui fait tourner beaucoup de moulins à blé et à papier... ». Plusieurs habitants s’occupent à divers métiers. On y compte 200 « feux » (foyers) soit une population de 800 à 1000 personnes.
Les plans et cartes, élaborés au début du XIXe siècle comme le cadastre napoléonien, montrent un territoire à l’habitat discontinu et dispersé.
C’est l’époque où l’industrie textile, et plus particulièrement l’industrie cotonnière, se localise le long de la rivière avec les manufactures d’indiennes, les teintureries, les filatures.
L’écrivain Eugène Noël (1816-1899) se souvient dans ses témoignages écrits, des difficultés rencontrées pour « remonter » la vallée jusqu’à Clères où son père possédait un moulin.
« Je fis, pour la première fois, avec mon père le voyage de Rouen au Tot en 1821. Je n’avais pas cinq ans, mais les péripéties de ce voyage me sont encore présentes.
Nous faisions cette périlleuse excursion dans un cabriolet de louage. Notre sortie de la ville se fit par le boulevard du Mont-Riboudet.
Le boulevard du Mont-Riboudet, comme tous les boulevards de ce temps-là, n’avait ni ruisseau, ni égout. Mais, entre les arbres, de grandes fosses longues de deux ou trois mètres, profondes d’un mètre environ, servaient de récipient aux eaux du ciel.
La plupart restaient constamment pleines d’une boue épaisse et fétide où, de temps en temps, les passants se noyaient. Des maîtres crapauds surgissaient de ces trous.
Jusqu’à Malaunay, tout alla à peu près bien, malgré le déplorable état des grandes routes royales où de profondes ornières remplies d’eau pouvaient, à chaque instant, faire verser la voiture. Mais à partir de Malaunay, il nous fallut descendre de notre superbe cabriolet et mon père dut tenir le cheval par la bride dans un sentier tortueux qui dans nombre d’endroits se changeait en rivière. En d’autres endroits, le chemin disparaissait et l’on allait à travers champs comme on pouvait.
En 1830, les routes se tracèrent en toutes directions : on y institua cette humble et féconde armée de cantonniers dont le travail si peu rétribué a réalisé l’un des plus grands miracles du XIXe siècle, celui de relier ensemble villes et villages ».
En 1847-1848, c’est l’arrivée du chemin de fer avec le passage des locomotives à vapeur et des trains sur la nouvelle voie ferrée Rouen-Le Havre.
Dans le dernier quart du XIXe siècle le travail du coton dans les usines industrialise et urbanise les communes de la vallée. Une partie de la population ouvrière – qui devait se déplacer quotidiennement à pieds entre le lieu de travail et le lieu d’habitation – se fixe dans les cités ouvrières édifiées par les industriels à proximité des ateliers.